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Lettre ouverte, prolongement de la 25

En réponse à la déclaration récente du Conseil régional en environnement de Lanaudière (CREL) et du groupe citoyens Sauvons la forêt du prolongement de l’autoroute 25.

Oui à une mobilité durable! Oui au prolongement de l’autoroute 25.

Le prolongement de l’autoroute 25 entre Saint-Esprit et Rawdon proposé par le gouvernement vise à corriger une situation devenue insoutenable pour de nombreux habitants de la MRC de Montcalm pris en otage par le trafic de transit.

Pourtant, le projet fait face à une vive opposition de la part d’une coalition formée de groupes de pression qui ne sont pas toujours les mieux placés pour bien saisir les enjeux liés au projet et qui donnent parfois l’impression de ne pas connaître du tout la réalité de la MRC.

Les problèmes associés à la route 125 actuels ne sont pas uniquement liés à un ralentissement de la circulation comme le laissent entendre plusieurs opposants. Selon les données du Ministère des Transports, il y avait 16200 passages par jour[1] sur la route 125 entre Saint-Esprit et Sainte-Julienne. Ce que ces chiffres ne disent pas, c’est que des milliers d'automobilistes voulant éviter la congestion, un feu de circulation, un détour, circulent à vive allure dans les villages de Saint-Esprit, Saint-Alexis et Saint-Jacques et sur les rangs étroits parallèles à la 125, ce qui a un impact important sur la qualité de vie de ceux qui y habitent et qui sont ainsi pris en otage. Si on veut véritablement rendre compte du volume de circulation lié à la 125, il faudrait ajouter ces véhicules (environ 1500 par jour sur le rang Montcalm en 2006 selon une étude de la Sûreté du Québec, probablement plus de 2500 aujourd’hui, le nombre de véhicule qui utilise les voies secondaires est en forte expansion). La route 125 est présentement une passoire et une autoroute permettrait plus efficacement de contenir ces quelques 25 000 véhicules.

La coalition opposée au projet avance comme argument dans son communiqué que ce « projet d’envergure mettrait en péril la qualité de vie et la santé des résidentes et des résidents »[2]. Quelle ironie! Comme si ce n’était pas déjà le cas avec ces milliers de véhicules qui circulent actuellement sur les rangs et traversent les villages à vive allure pour sauver quelques secondes, passant près des écoles et traversant les corridors scolaires. Le communiqué affirme également qu’il « faut agir pour […] des milieux de vie complets ». Bien d’accord, mais ils n’avancent pas de véritables solutions. Au contraire, l’élargissement des voies de la 125 proposé par le CREL aura pour conséquence d’empirer la situation en favorisant le trafic induit, tout comme l’autoroute, mais en rendant encore plus accessibles les rues et rangs des villages aux alentours qui serviront plus que jamais de déversoir au détriment de la santé et de la qualité de vie de ceux qui y habitent. Montcalm mérite mieux. C’est un mode de vie qui est en péril. Une autoroute, avec ses points d’entrées et de sorties bien délimités, gère plus efficacement la circulation automobile.

Comme solution au problème, le communiqué des opposants appelle également à une « amélioration du transport actif »[3]. Êtes-vous allés sur le terrain? Présentement, l’important trafic de transit dans les villages rend le partage, auto, véhicule de ferme, vélo et piéton extrêmement difficile en plus de poser de sérieux problèmes de sécurité. Il est non seulement dangereux, mais également extrêmement désagréable et complexe de se déplacer à vélo sur le territoire de la MRC. En conséquence, il y a peu de marcheurs, de cyclistes et de coureurs dans ces rangs de campagne dévitalisés et pourtant magnifiques, tant par leur patrimoine bâti qu’agricole. La situation est telle que la plupart des parents interdisent à leur enfant de circuler à pied et à vélo sur les rangs et que les municipalités ne savent plus trop comment gérer le problème (un petit tour sur le terrain permettrait de bien saisir la situation…) Bref, il faut actuellement aller ailleurs pour bouger, ce qui accentue la dépendance à l’automobile. Le projet d’autoroute, s’il est bien fait, pourrait probablement avoir un impact positif sur le développement du transport actif en éloignant le trafic des noyaux villageois et en créant certaines infrastructures.

Parmi les autres arguments avancés par la Coallition, le projet mettrait en péril « la vitalité des commerces »[4]. C’est ce que disaient les opposants à la construction de l’autoroute 15 il y a plusieurs années déjà. Ils sont pourtant probablement très peu nombreux ceux qui souhaiteraient aujourd’hui voir ces autos passer sur la 117, au centre des villages, comme c’est le cas ici dans Montcalm. Par contre, ici, on voudrait bien avoir un accès sécuritaire en auto, en vélo et à pieds  aux commerces le long de la 125.

Bref, tout ceci contredit le constat du CREL  selon lequel « le prolongement de l'autoroute 25 vise strictement à satisfaire l’affluence grandissante de villégiateurs en tentant de réduire la congestion routière sur la 125 » et « ne prend pas en considération les besoins actuels de la population lanaudoise. » [5] L’argumentation des opposants au projet repose sur de beaux principes, avec lesquels on ne peut qu’être d’accord, sans toutefois véritablement tenir compte des besoins du milieu et sans proposer de véritables solutions, précises et concrètes. La plupart de ces principes pourraient d’ailleurs se conjuguer avec certaines améliorations au projet d’autoroute actuel. Pourquoi ne pas y travailler? Ce qui guette les citoyens de Montcalm avec un abandon du projet, c’est la dégradation de leur qualité de vie au cours des prochaines années, encore… Montcalm a toujours reçu moins. Si les groupes opposés au projet ont véritablement à cœur « la préservation des milieux naturels » et « la lutte au changement climatique » comme ils l’affirment, ils devraient d’abord s’attaquer au cœur du problème :  les nombreux développements domiciliaires qui ont toujours cours dans la MRC, qui sont en bonne partie responsables du trafic de transit et qui accentuent la dépendance à l’auto solo tout en amputant les forêts de la MRC de façon beaucoup plus considérable que le projet de prolongement de l’autoroute. Là on pourrait parler de « sauver la forêt » sans hypocrisie.

Olivier Granger

Citoyen de Saint-Esprit   

 

[1] https://www.donneesquebec.ca/recherche/dataset/debit-de-circulation/resource/2bd6ea5d-ba7f-44d5-afcd-4ca968897c1d

[2] https://nonauprolongementa25.org/communique

[3] https://nonauprolongementa25.org/communique

[4] https://nonauprolongementa25.org/communique

[5] https://fichiers.crelanaudiere.ca/Manifeste_A25_VF.pdf

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