Crise du logement : Action logement Lanaudière installe des tentes devant le bureau de circonscription de François Legault
Alors que le gouvernement Legault s’obstine à nier une crise du logement pourtant bien réelle à Lanaudière et ailleurs au Québec, Action-Logement Lanaudière a tenu cet après-midi un campement symbolique devant le bureau de comté du premier ministre, François Legault, à L’Assomption. Cette mobilisation a été tenue dans le cadre d’une semaine d’actions régionales du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) afin d’obtenir des investissements supplémentaires immédiats dans le logement social. Alors que le premier ministre François Legault déclarait la semaine dernière à l’Assemblée nationale, en parlant du programme AccèsLogis : « s’il faut en faire plus, on va en faire plus », les organismes en défense du droit au logement, l’exhortent à procéder sans plus attendre pour répondre aux besoins les plus criants.
Selon les dernières données de la SCHL, les taux d’inoccupation sont de plus en plus alarmants dans plusieurs municipalités lanaudoises, en frôlant les 0% à Joliette (0,5%), Rawdon (0%), Terrebonne (0,4%) et Lavaltrie (0%). « Les appels de détresse des ménages locataires ne cessent d’affluer parce que les gens ont peur de se retrouver à la rue, parce qu’ils vivent des évictions illégales, de l’intimidation, des hausses abusives de loyer, de la discrimination lors de la recherche de logement, ou parce qu’ils sont coincés dans des logements insalubres. La crise, pour ces ménages-là, elle est bien réelle, quoi qu’en dise Monsieur Legault. Ce sont de véritables drames qui se jouent. C’est indécent
de fermer les yeux là-dessus et de penser que la loi et le système fonctionnent bien », s’insurge Marion Duval, représentante de Action-Logement Lanaudière, rappelant que la situation actuelle a en plus entraîné une explosion des coûts du logement ces cinq dernières années. Le loyer moyen a augmenté de 15,3% à Joliette, de 18,89 à L’Assomption, de 22,25% à Terrebonne et à Lavaltrie et de 22,75% à Papineauville. « C’est énorme ! Nous sommes bien loin des hausses de loyer qui suivent le taux d’inflation dont nous parle M. Legault. Avec la rareté des logements locatifs, les conséquences économiques de la crise sanitaire, comment font les ménages locataires en ce moment pour joindre les deux bouts ? Déjà en 2016, pas moins de 17 585 ménages locataires de Lanaudière engouffraient plus de 30% de leur revenu pour se loger, 30% étant le maximum recommandé par les experts. Avec un revenu annuel médian de 19 906 $ dans la région, on ne peut que s’attendre à une catastrophe le 1er juillet », s’inquiète-t-elle.
Selon Action-Logement Lanaudière et le FRAPRU, non seulement les acteurs du marché privé ne répondent pas aux besoins des ménages locataires, notamment des familles, mais ils empirent leur situation. « En procédant à des réno-victions, à des reprises de possession infondées et/ou à des transformations de logements, par agrandissement ou subdivision, ils chassent les locataires non seulement de leur logement, mais aussi de leur milieu de vie », explique Marion Duval. Elle fait également remarquer que les logements récemment construits par le secteur privé sont en fin de compte inabordables pour la très grande majorité des locataires. « En plus d’être inabordables au départ, les ménages locataires n’y sont pas protégés contre les hausses abusives de loyer pendant les 5 premières années comme on l’a vu à Saint-Calixte » ajoute-t-elle.
« Seul le logement social peut répondre à une diversité de besoins, comme ceux des familles et des personnes aînées à modeste ou faible revenu, ou encore des femmes victimes de violence conjugale qui ne trouvent pas à se loger à la sortie des ressources d’hébergement, des personnes en situation de handicap ou en processus de réinsertion sociale. Il est une solution pérenne face à la crise du logement, économique ou encore climatique », indique Catherine Lussier, organisatrice communautaire au FRAPRU présente à la mobilisation. Même s’il reconnait que le gouvernement Legault est en train de prendre les moyens pour livrer une bonne partie des 15 000 logements déjà budgétés, mais non réalisés à son arrivée au pouvoir, comme promis en campagne électorale, le FRAPRU déplore qu’à peine 3000 de ces unités aient été effectivement construites et livrées depuis le début du mandat caquiste et que seulement 500 nouvelles unités aient été programmées depuis 2018, pour tout le Québec. « Cela empêche carrément des centaines de projets de démarrer », dénonce Madame Lussier.
Selon le FRAPRU et ses groupes membres pour sortir de la crise, il faut augmenter la proportion de logements sociaux au Québec. Pour y arriver, ils demandent au premier ministre d’investir de lancer un grand chantier de 50 000 logements sociaux sur 5 ans, dont 1750 pour la région de Lanaudière.
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